Le traitement naturel des déchets organiques en récifal

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Le traitement naturel des déchets organiques en récifal, l'approche écosystémique

Les multiples origines des déchets organiques en aquarium 

Lorsque nous parlons de déchets organiques dans nos aquariums nous pensons immédiatement aux restes de nourriture divers que nous apportons à la faune. Ces derniers ne représentent pourtant qu'une petite partie de la masse des déchets organiques ;  il y a aussi les matières résultant de la digestion des poissons et invertébrés ( fèces, urine ), le mucus produit par les coraux, les polypes morts, les tissus de végétaux en décomposition ( algues ), les cellules mortes de la peau des poissons, les exuvies des crustacés ( mues ) et plus important encore les millions de micro-organismes qui meurent à chaque instant ( bactéries, microfaune ). De fait, la méthode consistant à réduire les apports alimentaire, autrement dit à sous-alimenter la faune de l'aquarium, n'a qu'un impact relatif sur la quantité des déchets organiques produits dans un bac peuplé.  

Les solutions habituelles pour lutter contre cette production de déchets organiques sont : 

- Maintenir les poissons et invertébrés dans des bacs nus filtrés mécaniquement et fréquemment siphonnés ( bacs de vente d'animalerie ou bacs d'élevage intensif )

- Extraire le plus possible de déchets organiques avant qu'ils n'entrent dans le processus de décomposition naturel ( écumeur )

- Laissez faire la Nature ( approche écosystèmique  ) 

L'approche écosystémique en aquariophilie peut être définie comme une méthode de maintenance axée sur les interactions biologiques entre les différents genres et espèces d'organismes peuplant l'aquarium. L'aquariophile, quant à lui, est en quelque sorte le gestionnaire d'un écosystème captif dont il doit constamment veiller à préserver l'équilibre. La méthode berlinoise ( avant qu'elle ne soit dévoyée par une micro-filtration et un surécumage aseptisants ) peut être considérée comme de nature écosystémique ( rôle prépondérant des pierres vivantes ). Évidemment, la quintessence de l'approche écosystémique est atteinte avec la méthode DSB ( Lit de sable épais ).  

La chaîne de traitement naturelle des déchets organiques

Aucun organisme vivant ne peut à lui seul traiter une particule de déchet organique ; cette dernière va être consommée et digérée par diverses espèces de détritivores ( macrofaune → microfaune → bactéries ). Entre par exemple l'escargot de sable Nassarius spp et la bactérie Thiobacillus denitrificans ce sont des dizaines ( des centaines ? ) de systèmes métaboliques que la particule de déchet organique va traverser. En vérité cette particule sera à chaque transfert décomposée en particules de plus en plus petites ayant des qualités physico-chimiques différentes ; par conséquent le processus de traitement naturel complet des déchets organiques implique que tous les organismes spécialisés soient à leurs postes sur la chaîne.

Tout à la fin de la chaîne il ne restera de la très grande majorité des constituants chimiques d'une particule de déchets organique qu'un gaz volatil, le diazote. Comme le ferait une cheminée des résidus gaseux d'une usine, ce gaz est finalement rejeté dans l'atmosphère

Le traitement de déchets organiques, un système indépendant

Deslits de sable épais, des pierres vivantes posées dessus... Que sont mes bacs spécifiques d'élevage de microfaune sinon des écosystèmes récifaux sans poissons ni coraux ? La matière nutritive première étant apportée par la décomposition permanente des algues et quelques fragments de nourriture le processus complet de traitement des déchets organiques peut commencer. Chaque détritivore occupe sa niche écologique et fait sa part de travail. Chaque "travailleur" reçoit en nature son salaire et sa progéniture est assurée d'être sustentée. Dans ces écosystémes, principalement benthiques, il y a bien sûr des proies et des prédateurs et tout comme dans un aquarium classique, je dois écarter ou éliminer les organismes qui menacent leurs stabilités.

De mon point de vue ( approche écosystémique ), un aquarium récifal n'est rien d'autre qu'un grand bac à microfaune dans lequel on ajouterait des poissons et des coraux ! 

En conclusion

L'aquariophile désirant déléguer la plus grande part, voire la totalité, de la mission de traitement des déchets organiques à la Nature doit avoir une appréhension plus "fine" des cycles bio-chimiques ; il ne peut pas se contenter de la classique représentation  "Boicénose ( vivant ) ↔ milieu ( décor et conditions vitales )". À l'intérieur même de la biocénoce est le monde des détritivores ( au sens large ). Si dans un aquarium les détritivores dépendent nutritivement des consommateurs primaires ( les poissons surtout ) ils sont les uniques organismes capablent d'assurer, à travers leur diversité et leurs spécialités, le transfert d'une particule de déchets organiques de sa source de production à sa destination provisoire : l'atmosphère terrestre ! Ensuite le cycle recommencera : Azote atmosphérique → Végétaux → animaux→ micro-organismes...