Mon récifal oligotrophe, ce beau malade écologique ! 

  • Le 15/12/2017

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Mon récifal oligotrophe, ce beau malade écologique

    Par rapport au reste de l'océan l'eau où baignent les récifs coralliens naturels se caractérise par sa faible teneur en nutriments ( oligotrophie ) ; néanmoins ces récifs témoignent d'une biodiversité incroyablement riche tant en poissons qu'en invertébrés sessiles ( fixés aux substrats ) et vagiles ( qui se déplacent ). N'y a-t-il pas là un paradoxe écologique qui devrait interpeller tout bon récifaliste naturaliste ? Théoriquement un milieu pauvre en substance nourricière élémentaire limitante, notamment  les nitrates et les phosphates, devrait être logiquement pauvre en macro-espèces... Mais sur les récifs coralliens c'est effectivement tout le contraire ! Il y a une donnée océanographique que nous ignorons généralement et qui pourtant est d'une importance capitale, fondamentale au sens propre du terme :

Les récifs baignent littéralement ( surtout la nuit ) dans un méga nuage de zooplancton temporaire constitué des larves produites par la microfaune. Or, chacun de ces microscopiques animaux renferme en ses cellules un taux d'éléments azotés et phosphatés un million de fois plus élevé que dans l'eau où il flotte !  Dr. J. Bloch - Netherlands ).

Ce constat scientifique éveille immédiatement un questionnement : À quelle source ce zooploancton providentiel puisse-t-il donc ces éléments précieux ( Azote et Phosphate notamment mais il y en a d'autres ) puisque l'eau du récif en est pauvre ? 

La réponse est écologiquement rationnelle : En ingérant du phytoplancton provenant continuellement en masse, via les courants, des eaux pélagiques ( de pleine mer ) normalement riches en éléments nutritifs ! 

Quand oligotrophie ne rime pas forcément avec pénurie

Nous voyons là que l'idée que se font de très nombreux récifalistes sur la pauvreté nutritionnelle des récifs coralliens est absolument fausse. Oui, certes, l'eau est oligotrophe sur le récif et on le sait les coraux, les "durs" particulièrement, et beaucoup d'invertébrés errants n'aiment pas "baigner" dans les nitrates et phosphates... Mais de là à en déduire que ces animaux se contentent de peu et les affamer sans scrupule... 

Vous l'avez compris, la quantité d'éléments nutritifs n'est finalement pas moindre sur les récifs qu'en d'autres milieux subaquatiques sains, elle est simplement "synthétisée" via la microfaune et restituer aux consommateurs secondaires à travers leur consommation de zooplancton ! Oui l'eau des récifs et incontestablement oligotrophe ; non cela n'implique pas forcément une pauvreté nutritionnelle à la base du réseau trophique. Et cela change tout ! 

Un beau récifal n'est pas forcément en bonne santé 

Encore une fois nous en revenons à la démonstration que la maintenance "usine à gaz" est un non-sens aquariophile. Les récifalistes adeptes des bacs biologiquement stériles ( ou tout du moins pauvres en population de micro-organismes, quantitativement et qualitativement ) visent justement et à raison une certaine oligotrophie dans leur bac ; ils ignorent seulement le principe d'apport nutritionnel par la microfaune que nous venons d'évoquer dans cet article. Pas de nutriments dans l'eau de leurs aquariums et pas de microfaune non plus pour fournir les nutriments autrement... Il fait quoi alors le récifaliste démuni ? Et bien il ajoute des poudres et/ou il fait des perfusions pour compenser ce défaut biologique, exactement comme le service médical le fait pour certains malades à l'hôpital. Oui, un récifal dans lequel on doit compenser artificiellement des carences écologiques est un bac malade ! Un malade peut être très beau... il n'en est pas moins malade ! D'autres récifalistes affament volontairement leurs coraux dans le but d'intensifier leurs couleurs ; il s'agit là tout simplement d'un acte de maltraitance sur animaux !

Conclusion 

Une fois de plus on constate que le récifal maintenu le plus naturellement possible, donc avec une riche population de micro-organismes ( bactéries, microfaune mais aussi protozoaires et micro-champignons dont on parle plus rarement mais qui sont bien présents ) fonctionne plus conformément à l'écosystème qu'il tend à représenter. Même le phytoplancton nourrisant la microfaune est naturellement disponible dans un récifal écologique ( diatomées et autres micro-algues sur les vitres et dans le sable ). Certes rien n'est jamais parfait et le but de l'aquariophilie, à savoir de toujours mieux reproduire en milieu captif un système écologique sauvage, ne sera jamais probablement abouti... et c'est tant mieux pour entretenir la motivation de notre passion ! Mais qu'est-ce donc que cette pratique récifale dénaturée qui n'est pas par définition de l'aquariophilie ? Comment peut-on prétendre gérer correctement un aquarium tout en sachant que ce dernier ne survit que sous assistance artificielle ?  Je veux bien admettre la valeur esthétique de certains récifaux presque totalement assistés de l'extérieur par des "machines" et dopés d'intrants divers mais je ne peux "philosophiquement" leur accorder la valeur aquariophile que vantent publiquement leurs propriétaires.

Note : voici un lien vers un document scientifique étayant le sens de l'article à travers une thèse sur la "circulation" des po4 dans un écosystème récifale :   https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/829443/filename/These_Godinot.pdf

 

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